Lettres Au Vent

19/09/2006

Insomnies 6

Enregistré dans : — Nono @ 23:13

           La naissance de  Nadya

 

Vers 10 heures du soir je me dirige vers ma chambre comme on va à un rendez-vous à l’issue incertaine avec l’espoir que la personne attendue ne se dérobera pas. Je n’ai passé qu’une seule nuit avec Nadya et voilà que sa « présence » me manque déjà !

De peur que quelqu’un ne brise par inadvertance son réceptacle terrestre, j’ai dissimulé la lampe dans mon armoire. Je la ressors avec émotion et, les mains un peu tremblantes de peur de troubler le « sommeil » de Nadya, je la dépose sur la petite commode, m’allonge sur le lit et attends, les yeux grands ouverts…

Dix minutes ne se sont pas écoulées que la voix se fait entendre dans ma tête.

-« Bonsoir Jean ! J’ai lu dans ton esprit que tu t’inquiétais de savoir si j’allais venir à notre rendez-vous nocturne ? Ne t’en fais pas ! Je suis maintenant liée à toi et resterai fidèle à cette rencontre quotidienne. Il est inutile aussi que tu exposes ma lampe sur ce meuble, je saurai bien retrouver le chemin de ton âme où qu’elle se trouve.»

Je songe malgré moi en frissonnant au bouleversement qu’avait été l’expérience de « communication totale » à laquelle elle m’avait soumis la veille

-« Mon pauvre Jean, est-ce si difficile de se retrouver dans la peau d’une fille ? Non, je plaisante ! Je vois que tu as été réellement bouleversé par ce transfert. Je ferai comme tu le souhaites, et j’essaierai de me limiter au type de conversation que nous avons en ce moment.

D’ailleurs, pour ce qui concerne cette nuit, c’est indispensable car je veux te parler de ma naissance et, bien sûr, si je l’ai vécue, je n’en ai gardé aucun souvenir personnel ! Ce sont les paroles de ma mère et celles de Claudia que je vais te rapporter »

Je me cale un peu plus profondément la tête dans l’oreiller et m’installe comme si j’allais assister à un spectacle : celui de la vie fabuleuse de Nadya. Aussitôt je me détends en entendant la voix maintenant familière qui résonne dans ma tête.

 

« Un peu après mon douzième anniversaire, comme me l’avait prédit ma mère, je découvris un jour que le drap de mon lit avait été tâché de sang durant mon sommeil! Malgré l’information que j’en avais eue j’étais un peu angoissée. Je courus dans la chambre de ma mère où elle se faisait coiffer par Claudia et annonçais la nouvelle aux deux femmes. Elles manifestèrent leur joie, ce qui me rassura aussitôt, et ma mère me serra tendrement dans ses bras, essuyant discrètement une larme d’émotion qui avait coulé sur sa joue. Claudia se retira ensuite, nous laissant dans l’intimité d’une mère avec sa fille.

-         « Tu es une femme maintenant Nadya et, comme je te l’ai déjà dit, à partir de maintenant tu devras adapter ta façon de vivre à ce nouvel état. »

Bien sûr tu pourras continuer à jouer, au moins pour un temps encore, à la poupée ou à tous ces jeux auxquels tu joues en ce moment avec tes camarades mais il te faudra le faire avec plus de retenue, en particulier avec les garçons qui vont immanquablement être attirés par toi et par ton corps qui va s’épanouir rapidement.

Tu iras voir Claudia tout à l’heure et tu lui demanderas comment te protéger pour empêcher que tu ne salisses tes vêtements ou tes draps. Ces jours là évite de t’approcher du vin doux qui risque de tourner au vinaigre, ou de toucher au blé qui deviendrait stérile. On dit aussi que le regard ternit le poli des miroirs mais de cela je n’en jurerais pas car je ne me suis jamais retenue de le faire et mes miroirs sont toujours en bon état !

Enfin une chose plus intime dont je dois t’entretenir concerne ton « hymen ».

Sache que l’une des conditions pour réussir un bon mariage est de préserver ta virginité. Faute de l’avoir fait de nombreuses épouses ont été répudiées par leurs maris au lendemain de leur nuit de noces».

 

Ma mère m’expliqua en détail en quoi consistait la préservation de cette petite peau que l’on nomme « hymen » et dont le bon état semblait le garant d’une nuit de noces conforme aux vœux de tous les maris. Pour l’heure j’étais un peu effrayée de ce que j’entendais car il était question de douleur et de sang. Ma mère s’en aperçut. Elle me rassura en m’affirmant que dans les circonstances où cela se produirait, avec un mari aimant et attentionné, je n’en serai pas affectée, à l’exception d’un instant de douleur très passagère au milieu d’un océan de plaisir. Note que j’aurais bien voulu que cela se passe ainsi, malheureusement, comme je te le conterai une nuit, ce ne fut pas le cas !

 

Profitant alors de notre intimité et de mon nouvel état de femme qui me rapprochait d’elle, ma mère entreprit de me raconter les circonstances de ma naissance.

 

-« Vois-tu Nadya, ce sang que tu as aperçu ce matin et qui reviendra à chaque lunaison, s’interrompt quand on est enceinte.

Ce fut mon cas il y a treize ans quand je tombais enceinte de toi.

J’étais déjà mariée depuis quatre ans avec ton père mais les Dieux ne nous avaient pas permis d’avoir un enfant jusque là. Certes, ton père était plus âgé que moi de plus de 10 ans, mais sa vigueur n’était pas en cause. Je ne peux t’en parler maintenant mais j’ai la preuve que ton père était en mesure de procréer. Plusieurs fois durant cette période mes règles s’étaient interrompues et j’attendais cette naissance avec impatience, mais, après quelques mois, ma grossesse avait avorté.

Claudia prenait déjà soin de moi depuis mon mariage et me prodiguait des conseils de diététiques adaptés à la grossesse. Ton père, adepte du culte de Mithra, se rendait souvent au temple de ce Dieu, situé dans une grotte non loin de notre maison, et y faisait des sacrifices pour que je devienne féconde. Rien de tout cela n’avait abouti jusque là.

Cette fois là, au bout des trois mois qui avaient été jusque là fatidiques à mon fœtus j’attendais avec angoisse la réapparition du sang, annonciateur de l’avortement, mais rien ne se produisit à mon grand soulagement.

Claudia s’occupait constamment de mon régime et j’avais l’impression d’être une sorte d’oie qu’on engraissait.  De fait mon ventre commença à prendre du volume. Claudia me conseilla même, enfin… tu es bien jeune pour tous ces détails, d’arrêter d’honorer la couche de ton père de crainte que nos rapports ne compromettent la grossesse ! Certains savants, dont Pline l’Ancien dans son Histoire Naturelle, le préconisaient aussi, allant jusqu’à suggérer que certaines naissances de jumeaux seraient dues à ces rapports pendant la grossesse ! Ton père était tellement désireux de cet enfant à venir qu’il s’accommoda de cette abstinence, malgré quelques protestations et tentatives nocturnes. Il fut  peut être aidé dans sa résignation par quelque jeune femme esclave que Claudia s’était empressée de lui fournir afin de le soulager.

Pendant cette période d’attente nous avons fait beaucoup de prières aux dieux. Ton père, adepte du culte de Mithra, avait atteint le grade honorable de « lion » dans la hiérarchie des pratiquants. Il sacrifia un taureau pour s’attirer les bonnes grâces du Dieu. Quant à Claudia, elle s’était laisser attirée par cette nouvelle religion du « Christ » et essaya en vain de m’emmener à une de ses cérémonies de « communion » pour y prier. 

 

Lorsque les douleurs de l’enfantement commencèrent, Claudia et deux jeunes domestiques attachées à mon service accoururent à mon chevet. Elles ne me quittèrent plus pendant toute la période du travail qui dura presque un jour entier. Elles essuyaient mon visage en permanence pour en ôter la sueur et des linges humides et frais étaient posés sur mon front. La vieille sorcière Mina qu’on avait fait venir de toute urgence avait disposé des amulettes aux quatre coins de la chambre afin de me protéger contre les attaques maléfiques de l’extérieur. Au bout de longues heures, pour soulager ma douleur et selon les pratiques de notre région, on me fit boire un breuvage infect saupoudré de crottin de truie. Ce remède eut une efficacité certaine car, à l’idée qu’on puisse renouveler une telle médecine, je m’employais à une expulsion rapide.

Caius, ton père, fut sans doute un peu déçu mais ne le montra pas. Un fils aurait été le bienvenu pour le seconder plus tard dans la gestion de ses domaines agricoles. Nous avions encore l’espoir que la prochaine grossesse serait porteuse d’un enfant mâle mais il n’y a en a jamais eu ! »

 

« Voilà comment ma mère me raconta les circonstances de ma naissance.

Un commentaire »

  1. Que dire ,je me régale . NONO ,tu as vraiement du talent . j’arréte de t’encencer ,tu vas choper la grosse téte la suite ,la suite ,la suite . LUIS .

    Commentaire par LUIS 87 — 20/09/2006 @ 21:16

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